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Boo Do..
La
préparation au lancer physique peut prendre un certain temps, les
conditions aérologiques sont rarement homogènes du sol à quelques
dizaines de mètres de hauteur..
La vraie préparation est ailleurs,
elle se savoure, elle s'appréhende, elle rugit du fond des entrailles,
où nait la jouissance, en silence, lentement.
Elle nait aussi de
l'esprit, qui projette et transcende plus loin que la surface concrète
de l'acte, et prend sa consistance comme la poésie illustre le mot.
Le geste se prépare dans l'anticipation acceptée. Translation forte et
rotation simultanée du corps tendu de la pointe des pieds au bout des
doigts, qui relâchent l'essence des choses impalpables, à un moment
qu'il faut sentir lors d'un instant d'éternité très personnel.
L'objet est si léger, il ne pèse que quelques grammes, sa puissance est
pourtant là, logée quelque part dans ces courbes parfois complexes, que
seul le talent et l'envie amènent à composer soi même un jour, par
vanité, ou pour mieux comprendre l'Incompréhensible.
Iil semble si
simple, si peu spectaculaire, si peu porteur de tellement d'émotions
qu'il sait procurer à celui, qui, patiemment, au fil de tant de lancers
infructueux, le voit revenir docilement, si naturellement, alors qu'il
avait été projeté avec l’énergie du désespoir, la dernière énergie de
l'Insondable.
Il revient à son envoyeur un jour, puis tant d'autres
instants ensuite, avec tant de conviction évidente, tant de magie, avec
parfois une précision si mystérieusement enchantant, trop rapide et si
époustouflante qu'elle séduit ceux qui y assistent parfois, et se
surprennent à applaudir la stupéfaction muette, et remercier avec
candeur le lanceur pour ces secondes de joie infinie très pures qu'il
leur a procurés en refermant ses doigts sur la Vérité..
Le lanceur
est le lancer, il jouit de l'harmonie qu'il sait modestement apprécier
quand son geste confine à la perfection divine.
Le lanceur est
l'espace devant lui, il est l’obstacle, il est l'arbre qui ondule sous
le vent des sommets, il est l'herbe odorante, il est l'air chargé
d'humidité, il est la sueur qui perle, le muscle saillant qui verrouille
la prise, il est le doute qui s'évanouit avant la joie, l'assurance, il
est l'inspiration tendue vers la transfiguration de soi même, le moment
ultime où l'objet s'arrache vers son destin aérien incontrôlable, naît à
sa vocation éphémère, un envol, un dessin dans le vide inouïe, l'air si
haut, un tracé que l'on suit des yeux du sol, un tournoiement infini,
et pourtant si court.
Le geste est d'une unique précision, la
Vérité parfaite dont on ne se lasse jamais, tant on croit l'avoir
atteint, mais qui n'est que reflet d'elle même, et peut rendre fou.
Un enfant approche, plein de vie, il ne connait pas la peur, ni le doute.
En devenir, ce à quoi il vient d'assister l'emplit de la candeur propre
à son âge, il n'ose exprimer ce qui le submerge dans ses grands yeux
clairs et son sourire entier, des images qui seront gravées toute sa vie
sur la rétine de ses souvenirs d'adulte..
Son pas est sûr et sans retenue, il approche, il est si intimidant;
"..monsieur, tu me montres comment on fait?.."
Mes petites, vous me manquez tant..
Enfance chérie, te cache tu dans mes larmes amères, où dans celles qui déjà se sèchent au brasier de ma colère..
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