dimanche 5 juin 2011

Le surfer, un éco-citoyen modèle?

Soyons réaliste, pragmatique et lucide, cet angélisme vert à la Woodstock enveloppant le monde du surf est-il défendable?.. ils sont nombreux les pseudo néo-écolos surfers totalement influencés par un courant médiatique dont ils n'entendent pas le premier mot, car impliqués dans rien du tout allant dans ce sens RÉEL d'une vraie prise de conscience individuelle n'impliquant pas que des résolutions du nouvel an et un joli sourire, et qui par ailleurs les dépassent au point qu'ils ne se posent même pas la question de l'instrumentalisation de ce courant de pensée à la mode, qui du fluo des années 80' est passé au vert écolo politisé. On parle d'éco-protection du littoral, de tri des déchet, de valorisation des ordures organiques ménagères, du CFC, de la pollution des eaux de rivières et de mer, de la qualité de l'air, beaucoup de voix s'élèvent en faveur de changements radicaux et urgents des mentalités et habitudes de vies, mais.. mais, dès qu'il s'agit d'évoquer le surf il n'y a plus personne! On parle peu de la pétro-chimie qui pourtant est au cœur même du système du surf business, il en est l'essence, le moteur, la motivation et le moyen. La fabrication du matos surf est certainement l'un des secteurs les plus polluants de la planète sport, même si en proportion il y a nettement moins de surfers que de footeux, ça ne compense mal les kilotonnes de matières plastiques, de résines, de fibres diverses, de textiles, le tout issus directement de source hydrocarbure avérées. On peut sans crainte dire avec une certaine honnêteté intellectuelle, que le surfer lambda dans sa pratique habituelle, son besoin de renouvellement de son matos et son consumérisme identitaire, incarne tout le contraire d'une pratique sportive consciente et pleinement active dans cette démarche verte dans laquelle il est de si bon ton de s'inscrire aujourd'hui. Si on analyse une planche de surf classique, la seule chose qui serait écologique serait la latte de bois, et encore celle ci ne provient quasiment jamais de bois issus de forêt raisonnée. Le pain de mousse est en polyuréthane, en polystyrène, en x matière poly; c'est du pétrole. Les couches diverses de fibres et le glaçage; c'est du pétrole aussi. Les dérives, le plug, le leash, les combis, les sacs pour porter le tout, les housses, les bouteilles d'eau, les shortboards.. c'est encore du pétrole. Le surfer lambda surfe où il peut. Quand il a de l'argent la question écologique de son choix de véhicule importe moins que la place de rangement disponible offerte, le tout doit aussi coller à un égo non moins affirmé et au moins aussi gros que le moteur du 4X4 qui consomme, de l'eau bien sûr, ah ah.. du carburant hydrocarbure, excusez moi. Et il en fait des kilomètres notre surfer lambda pour trouver la bonne vague du jour, et il en brûle du carburant pas polluant du tout. Il fait chaud, on met la clim en matant les vagues du spot, en on grille encore du pétrole! Quand les vagues sont plus jolies ailleurs, notre surfer lambda prend l'avion, très connu pour ne pas polluer l’atmosphère ces choses là, et s'en va reproduire les mêmes schémas pas polluant du tout qu'il a l'habitude de faire chez lui; location de véhicules pas polluants, location de bateau à voile solaire, location de matos.. posons donc la question de l’urgence de changer de mentalités et d'habitudes de consommation à n'importe quel surfer lambda ici, il répondra un énorme oui.. incitons le à passer aux actes, c'est à dire à cesser personnellement d'entretenir un besoin mondial de production de matières plastiques hyper polluantes (entre autres les fameux bancs résiduels concentrationnaires au large des côtes des continents occidentaux, responsables de la mort par asphyxie ou empoisonnement ou éventration de nombres d'espèces marines; tortues, oiseaux..), là il y a de grandes chances qu'il dise encore un grand oui. Qu'il lui faille pour cela, par conséquent, en toute logique, rompre tous liens rationnels physiques avec l'industrie du surf business, parce que pas écologique du tout, et que mieux encore, il serait nettement plus en adéquation avec un rapport philosophique de l'approche de la glisse en la pratiquant sans aucun artifice ou matériau nécessitant la mise en œuvre d'une production pétro-chimique, autrement dit du body surfing ou rien du tout, que répondra alors notre surfer lambda soudain bien embarrassé face à ce constat logique et imparable. Il faut être sensé et faire jouer son sens critique, oui la pratique du surf est polluante; sa pratique non, mais sa fabrication ainsi que celle de nombres de produit dérivés émanent d'une production EXTRÊMEMENT polluante. Le monde du surf est donc en contradiction flagrante avec ses aspirations néo-vertes. Notre surfer lambda fera t'il ce choix de l'abandon pur et simple de sa pratique, justement parce qu'elle est extrêmement polluante, donc pas respectueuse de l'environnement? Et là, soyons honnêtes, regardons l'essor du surf mondial, l'extension du surf business, la prolifération du monde à l'eau, cette production pétrochimique à encore de beaux jours devant elle! Alors, on fait quoi? Qui a ce courage de faire ce qui doit être fait pour coller au mieux aux engagements verts impérieux réclamés de tous? Hé oui, il faut faire aussi ce choix douloureux d'arrêter la glisse avec planche synthétique, vous l'aurez compris on ne peut prôner une chose et pratiquer son contraire, c'est incohérent. L'industrie du surf est par conséquent incohérente et assez malvenue pour finalement parler d'écologie et intensifier dans le même temps sa consommation de matières issue de l'industrie pétrochimique. Chacun de nous, surfers, qui aimons tellement avancer notre amour de l'océan, avons à notre compteur un bilan carbone désastreux dans notre dynamique surf, et même le body surfer, à une échelle moindre, pollue aussi, il lui faut quand même se rendre sur les spots, il n'y va pas en courant. Et même s'il le faisait, il ne le ferait pas pieds nus!!!.. Vous trouvez que j'exagère, que je tire la corde, que je coupe les cheveux en quatre, que le surfer lambda n'en est normalement pas réduit à ce type de choix cornélien s'il veut vraiment prétendre à être ce parfait éco-citoyen modèle pour les générations futures? S'il y a bien un sujet d'actualité dont on devrait parler plus souvent ici c'est bien celui là, qu'est prêt personnellement à faire chaque surfer (égoïste, hédoniste, égocentrique comme pas deux, le champion du monde du jeu perso, le faux ami à l'eau), pour apporter une vraie contribution à ces fameux changements d'habitudes polluantes et des mentalités consuméristes? Si l'enfer est pavé de bonnes intentions, comme on dit, gageons que le monde du surf saura à temps amorcer sa propre révolution verte, il est grand temps d'arrêter de donner cet exemple néfaste qui consiste à faire "ce que je dis, mais pas ce que je fait"!