jeudi 17 janvier 2008

ELENA!!!...

Cela fait longtemps que je voulais t'écrire. Te faire part de certaines choses qui me trottent dans la tête. Des choses simples et complexes à la fois, des choses qui te concernent.
Pour commencer, je veux te dire que tu es ce qui m'est arrivé de mieux, durant ces dernières années. Avant toi, pensais-je, il m'étais facile d'imaginer la meilleure façon d'être et d'agir, au cas ou tu devais entrer un jour dans ma vie.
Je ne pouvais me rendre compte que je me trompais lourdement. Ce que je vivais avant ton arrivée, maintenant que tu es là, ne peut souffrir la comparaison. J'étais un adulte accompli, je travaillais, j'avais des projets en cours, certains s'étaient déjà concrétisé, mon quotidien était, à peu de choses près, celui de monsieur tout le monde de mon âge et de ma situation socio-professionnelle. J'avais une passion qui me prenait les tripes depuis l'âge de 16 ans, et je concevais difficilement que ce que je vivais puisse un jour se tarir. J'étais un surfer. et je vivais ça à fond, les années de pratique assidue m'avaient apporté un excellent niveau de pratique et une certaine expérience de la mer et de ses dangers.
Je croyais ma vie remplie. J'avais tort.
Ce serait faux de dire que je t'ai attendu avec impatience, je n'avais jamais fait une telle rencontre avant toi, et tu dois comprendre que j'avais un peu peur, à mesure que ton arrivée se faisait plus sûre les jours passant.
Disons que je t'ai attendu, de loin, mais quand même très proche de toi, du moins par la pensée. Je me préparais doucement.
Je me préparais à t'accueillir, sans trop savoir comment tu réagirais, je savais qu'en quittant le monde d'où tu venais, n'ayant connu que celui-là, tu devrais t'adapter au mien, j'essayais de prévoir l'imprévu. Mais on ne peut réellement tout prévoir n'est-ce pas?
Et puis le grand jour est arrivé. J'ai été prévenu, je travaillais alors, et tu t'apprêtais à débarquer, je suis venu te rejoindre dès que j'ai pu.
Certains soucis indépendants de nos volontés, tu devais le sentir, ont quelque peu retardé ta venue. J'étais pétrifié, quand enfin tu es apparue.
Je ressentais tellement de choses à la fois, contradictoires, confuses, ta présence me remuait au plus profond que j'en ai perdu tous mes moyens.
Oh ça, tu n'étais pas contente, c'était à prévoir, tu as crié, tempêté, il a fallu un moment avant que tu te calme, on a attendu que ça te passe, c'était le moins que l'on puisse faire.
Tu étais très fatiguée, tu avais faim, tu risquais d'attraper froid, et j'ai essayé de te rassurer comme j'ai pu. Je te parlais, et tu m'as regardé, puis tu as pris mes pouces entres tes petites mains, le temps n'existait plus, tu étais absorbé par mes paroles réconfortantes. C'est la première fois que tu me voyais vraiment, j'espère que tu n'as pas trop été déçue.
Une fois réparé les outrages de ton long voyage, tu méritais un gros dodo. Tu ne t'en ai pas privée, tu étais si belle et si énigmatique, les yeux clos, sereine, repue.
Tandis que l'on te menait à ta chambre, une soudaine et incontrôlable vague d'émotion m'envahit brusquement, et je ne pus retenir un flot de larmes. Une grande joie, je le sais, mais la peur aussi, s'entremêlaient à présent que je me laissais aller sur l'épaule d'une gentille personne présente à mes côtés à ce moment là. Je me rendais compte que je t'avais vraiment attendu, que jusqu'à la dernière minute j'étais mort de peur, terrifié même, espérant du plus profond de mon âme angoissée, que tu arriverais sans encombres jusqu'à moi.
A présent que tu étais là, plus rien ne comptait, ma vie basculait, je devais te protéger du monde que tu ne connaissais pas. Je mesurais maintenant le poids d'une telle responsabilité, ton innocence et ta fragilité. Mes yeux s'ouvraient sur une nouvelle réalité, toi, ce qui avait été ma vie jusque là ne comptait plus vraiment, comme un rêve qui s'évapore au réveil.
Tu méritais que je te consacres le reste de ma vie. Je le ressentais comme un instinct primordial, comme une vérité universelle enfouie dans mon être, n'attendant que ta venue pour se révéler à moi, une mission, qui effaçait d'un trait les vicissitudes du quotidien. Je venais d'atteindre un nouvel état de conscience, ta venue m'avait transcendé, au delà de moi même, pour ne plus m'enquérir dorénavant que d'un seul objectif supérieur, te guider à travers la jungle de la vie nouvelle qui s'offrait à toi!!!...
Quelques jours ont passé, il fallait maintenant t'amener chez toi. Une belle chambre t'attendait, préparée et décorée par des mains douces et patientes.
Un bon lit douillet, des lumières savamment dosées et confortablement disposées, pour ne pas t'aveugler, de jolis rideaux, et quelques menus objets pour accompagner ton réveil.
Tu dois savoir que depuis les premières minutes de ton arrivée, je n'ai eu de cesse d'immortaliser ces instants, en te photographiant sous toutes les coutures. Ces clichés sont à toi, c'est ton patrimoine.
Plus que jamais, maintenant que j'écris ces pensées, tu représentes ce que j'ai de plus précieux en ce monde. Je sais aussi que tu ne liras pas ces lignes avant un certain temps, et qu'il t'en faudra peut-être encore plus pour en comprendre véritablement le sens. Je le sais, je ne serais peut-être plus là alors pour répondre à tes questions, tans pis, d'autres s'en chargeront.
Il faut que tu saches, également, que j'ignore bien des choses sur moi même, ces choses que je prépare pour la propre connaissance que tu voudras avoir de toi, lorsque le moment sera venu de te poser des questions sur tes origines. Je ne veux pas que tu te retrouves avec des trous que tu ne pourrais combler et qui te manqueront toute ta vie.
Tu as été souhaitée et ardemment désirée. Aujourd'hui, rien n'est laissé au hasard, afin que tu bénéficie de tout ce que tu es en droit d'attendre de la vie. Bien des choix t'échappent encore, car il te faut lentement mais sûrement les comprendre, aussi, dans cette tâche tu n'est pas seule, tu es bien entourée.
Ta présence est le rayon de soleil de beaucoup de ceux qui veillent sur ta vie, qui œuvrent pour que tu échappes aux pièges de ce monde perverti.
Tu apprends vite, tes progrès sont étonnants, tes expressions et ta vitalité surprenantes. Ma récompense, s'il devait y en avoir une, je la savoure déjà, quand tu me serres dans tes bras menus, quand tu déposes sur ma joue un de tes petits adorables baisers, ou que tu m'entraînes dans tes jeux.
Tu adores l'eau. Tu aimes vraiment ça, à la piscine ou à la plage, tu débordes d'énergie et d'imagination. Tu aime nager sous l'eau, et quelque fois il faut bien tempérer tes ardeurs, car tu ne maîtrises pas encore ta respiration.
Tes grands yeux noirs, de vraies olives, sont ouverts sur le monde qui t'entoure, tu en a soif, et un rien est déjà pour toi une conquête. Un brin d'herbe, un escargot, une flaque d'eau, une feuille de papier, la Lune le soir... tu t'émerveilles de tout, tu veux savoir tant de choses.
Ma vie à le seul sens qu'il m'est souhaitable d'espérer à présent. Je veux que tu sois fière de moi, que tu m'aimes comme je t'aime, et que plus tard, quand tu sera devenue une femme accomplie, active et bien dans sa peau, autonome et battante, puisque que tu n'as que 3 ans, ma fille, tu te souviennes de ton papa comme le meilleur papa du monde!!!...

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Ce texte dédié à ta fille est magnifique, vraiment poignant! La petite Elena a beaucoup de chance d'avoir un papa qui l'aime autant.
Tu n'as jamais songé à te tourner vers l'écriture?

j.frimousse a dit…

le texte que je vient de lire m'a touché énormément,tu as une telle facilité a écrire et une telle sensibilité dans tes mots que j'ai ressenti l'émotion qui passe dans ton texte.tu as vraiment du talent.ca été un plaisir de te lire.