lundi 22 octobre 2007

L'EXEMPLE VIENT D'EN HAUT!!!...

Dans le cadre de mon travail, je suis amené à me servir d'engins de chantiers, le plus souvent d'un tracto-pelle, pour des manoeuvres de chargement d'agrégats. La grosse bébête étant munie d'options indispensables autant que confortables, dés que cela est possible, je ne me prive donc pas de la climatisation et de la radio, délicieux palliatifs aux inévitables vibrations et autres cahots, inhérents à la structure même de la machine, plus prévue pour du travail de gros bourrin en terrain instable que pour de la trajectoire de précision sur circuit lisse et dégagé.
Ainsi, dans le courant de la semaine dernière, alors qu'évoluant comme à mon habitude au volant du monstre mécanique, tout affairé que j'étais à accomplir ma tâche quotidienne, j'écoutais d'une oreille le flot d'informations nationale et internationale, dispensées par la radio de bord, impérieusement calée sur France-Inter.
Une information, empreinte d'un ton mi sérieux mi ironique, attira, à un moment, toute mon attention de contribuable citoyen, que l'actualité, même d'anodine apparence, ne saurait, Dieu merci, laisser indifférent!
Il s'agissait d'une étude statistique, dont le sujet était la mise en parallèle des actions menées par le gouvernement actuel quant à la délinquance routière, d'avec le comportement, routier donc, de nos représentants politiques des plus hautes sphères de l'Etat.
Il s'agissait d'une étude indépendante, citoyenne, puisque menée par des gens comme vous et moi. Le résultat de cette enquête, publiée sur le net, faisait maintenant le sujet croustillant de cette petite chronique.
Au ton de la voix de celui qui s'exprimait sur le sujet, je devinais une certaine jouissance bien récréative, communiquée bientôt à l'ensemble de la rédaction, dont les rires mal étouffés venaient ponctuer, de temps à autres, la litanie de résultats effarants.
L'étude était la suivante; d'entre tous les grands hommes politiques de l'actuel gouvernement, de premier plan donc, censés donner au contribuable citoyen que nous sommes, pour paraphraser ce cher Jean Amadou- que je respecte infiniment pour ses chroniques littéraires de saltimbanque comme il n'en reste que peu, au sujet de nombres de dysfonctionnements de notre si belle société française- l'exemple indiscutable d'une nation qui s'efforce d'appliquer au quotidien, à commencer par ses chefs donc, les lois qu'elle entreprend de mettre en oeuvre pour le bien de tous!
Ainsi, pardonnez moi de n'en retenir, ici, que les plus significatifs, je n'ai eu guère le temps de tous les noter, vous vous en doutez bien.
Donc, pèle mêle, nous avons tous les ministres, secrétaires d'état et autres représentants de l'Etat français, examinés à la loupe, chiffres honteux à l'appui, selon l'étude, cautionnée par France-Inter, c'est dire tout le sérieux crédité à la chose, quant à leurs comportements quand ils sont amenés à prendre la route.
C'est évidement catastrophique, vous l'avez déjà entendu par ailleurs, de constater avec quelle légèreté, nos hommes politiques d'envergures, prennent par dessus la jambe, les décrets et lois censés limiter, conscrire, punir, nos velléités de chauffard, nous évoluons dans le cadre précis, je le rappelle, de la délinquance routière tout de même!
Ainsi, une liste longue comme le bras, fustige feux rouges, priorités, limitation de vitesse, distance de sécurité, comportements dangereux... autant de critères délictueux, avérés, vérifiés, filmés même parfois, qui remplissent plus que jamais nos tribunaux de police et correctionnels.
La palme, puisque l'étude en fournit les degrés d'appréciation, revient à notre cher Président Nicolas Sarkosy, himself ! Cependant, l'étude précise également que ceux là sont rarement les chauffeurs à proprement parler, il s'agirait plutôt de leurs préposés à la conduite, nos hommes politiques incriminés ne seraient donc que de modestes et honnêtes passagers, pris dans la tourmente incivique, à l'insu de leurs plein gré, dont seuls seraient responsables leurs chauffeurs attitrés, au nom d'une prétendue, sacro sainte, raison d'état!
L'étude fournit d'autres petits détails hilarants, ils ne seraient rarement que seuls, lors de ces fameux déplacements éclairs, des policiers ou gendarmes, selon l'endroit où ils évoluent, motorisés, basiquement appelé motards, leurs ouvriraient, semble t'il, couloirs et autres voies d'accès libre de tous obstacles, c'est nous, usagers réguliers, afin que leurs convois puissent donner libre cours à ces plaisantes petites escapades, particulièrement appréciées en agglomération. Quel spectacle, c'est Guignol!
Aussi, me mettant à la place du contribuable citoyen lambda, je m'insurge contre cette étude visant, vraisemblablement, à discréditer nos souverains, dont le seul souci quotidien, compromettant gravement la qualité de leur sommeil par ailleurs, est la plus grande qualité de vie possible qu'ils veulent nous offrir, par la résolution très active des problèmes dans lesquels la France s'est engluée au fil des décennies passées!
L'instant radiophonique, délicieusement subversif, se fond par la suite dans les méandres d'une actualité de l'ailleurs, plus grave, plus inhumaine, comme à l'accoutumée, dont la représentation devient chaque jour moins évidente, tant l'habitude et la distance rendent très difficile l'identification personnelle. En gros, chacun ses problèmes, qu'y puis-je, dans quel monde vivons nous...
Mais, mais... si cette parenthèse pantalonadesque fit rire sur France -Inter, elle n'est pas sans me rappeler une aventure Ubu Colonialésimement édifiante, hallucinante même, dont je fus l'un acteur principaux, lors du dernier voyage dans notre île, de notre premier ministre d'avant les dernières élections présidentielles, ce cher Dominique de Villepin!
Voici les faits, accrochez vous, c'est du costaud.
Nous sommes au moment et à l'endroit où la route du littoral fut irrémédiablement interdite à toute circulation pour cause d'effondrement majeur. Certains y ont laissé la vie. S'en suivent six semaines de passages obligé par la RD 41, plus connu sous le nom de route de la Montagne. Les travaux avancent difficilement, après les inévitables tâtonnement nécessaire à la recherche de possibles survivants, on déblaye les 80 000 tonnes de gravats, de roches, couvrant les deux portions de la 2x 2 voies sur une hauteur d'une trentaine de mètres! Le travail est long, fastidieux, rendu précaire par d'autres chutes de pierres corollaires à la premières, mais de moindre importance.
En France métropolitaine, le gouvernement Villepin est en émoi, et dépêche sur place quelques sommités venues se rendre compte de l'étendue des dégâts, et de la façon la plus appropriée d'y remédier, pour l'avenir.
Les semaines passent, la route du littoral rouvre enfin ses voies, au plan de circulation modifié, en un mic-mac de voies réduites et de cordons rétrécis, le plus gros des gravats est encore à enlever sur les côtés falaises.
A l'époque, je résidais dans le chef lieu, et pour me rendre à mon travail, je comptais, au grand maximum, aux aurores, avant l'effondrement de la falaise, qu'une poignées de minutes pour me rendre dans la ville voisine du Port, depuis chez moi. Après l'effondrement, il fallait au bas mot, compte tenu du trafic anormalement élevé sur cette route de montagne, absolument pas prévue à cet effet, entre 30 et 50 minutes de trajet, dans les deux sens de circulation, tant les embouteillages monstres rendaient impraticables la route de la Montagne. C'est que même en moto, il n'était guère aisé de remonter une file ininterrompue de véhicules de toutes sortes, quasiment à l'arrêt, sur une trentaine de kilomètres de voies courtes et sinueuses.
C'est à cette époque houleuse, tant l'état d'esprit des usagers de la route était soumis à rude épreuve, beaucoup déménagèrent temporairement, afin d'être à l'heure au travail, rien que ça, que fut officiellement annoncée la venue dans notre Département/Région, du premier ministre en exercice, Dominique de Villepin.
L'action que je vais vous narrer maintenant, se passe un vendredi après-midi, aux alentours de 13 h. A une brouette prés, alors que la route du littoral, même rendue en partie aux usagers de la route, n'avait rien de pratique, et qu'aux deux entrées et sorties, s'entassaient des véhicules formant une chenille longue de plusieurs kilomètres en amont, aussi bien qu'en aval, il fallait encore être très, très patient, avant de pouvoir prétendre rentrer chez soi après le travail!
Je finis le mien, ce vendredi là, et tout en pensant au week-end bien mérité qui s'annonce, je quitte progressivement la zone industrielle proche du port de la Possession, lieu de mon entreprise, et comptant bien sur les embouteillages déjà annoncés comme très sérieux, même à cette heure de la journée, je longe le plus possible la voie extérieure, normalement réservée aux poids lourds, avant de m'engouffrer dans la file de voitures arrêtée, et de la remonter, je suis en moto je le rappelle, jusqu'à l'entrée de ce qui est convenu de nommer localement, le canal bichique, référence faite aux entonnoirs spéciaux largement utilisé traditionnellement par les pécheurs saisonniers de ces alevins, les bichiques, dont l'évasement caractéristique à servi à illustrer le canal rétréci dans lequel se suivent, au pas, les voitures empruntant ce semblant de route du littoral en travaux!
Or, arrivé maintenant à l'entrée proprement dite de cette route du littoral, un cordon de sécurité, constitué de gendarmes, en barre l'accès. Derrière eux, la route vide, devant eux, moi et d'autres motards déjà présent, moteurs éteints, je fais de même. Machinalement, je jette un oeil désabusé à cette file incroyablement longue de véhicules, et je me dis, tout en m'allumant une cigarette de circonstance, qu'elle doit bien atteindre facilement la ville de Saint-Paul, à l'heure qu'il est!
Je me risque, au bout d'un moment, à m'adresser à un gendarme non loin de moi, lui demandant avec tous les trésors de diplomatie dont je me sentais capable de faire preuve, quelles étaient les raisons de cet obstruction à la libre circulation routière, un évènement particulier peut-être, un accident grave sur la route du littoral elle même, des travaux spéciaux sur le point de s'achever?..
Que nenni, le noble représentant des forces de l'ordre, fort courtois au demeurant, une prouesse en ces circonstances d'extrême tension à trancher au sabre à cannes, m'expliqua qu'ils attendaient la venue imminente du cortège ministériel, et qu'ensuite, une fois passé, la route serait de nouveau ouverte à tous!...
j'ai du mal comprendre, mal entendre, le convoi ministériel, c'est quoi ça, plusieurs voitures, des motos tous ça?... oui oui, ils allaient arriver d'un instant à l'autre, derrière moi donc, au travers de cet embouteillage monstre, comme une ambulance en somme, qui tant bien que mal, toutes sirènes hurlantes, se fraye un chemin vers une destination urgentissime!
C'est alors que l'impensable se produisit. Surgit du fin fond des entrailles de cet amas de tôles immobile, au son caractéristiques des sirènes de police, un groupe de motards de la gendarmerie ouvrait, écartait, éventrait par le milieu la file de véhicules attendant de pouvoir redémarrer. Et, quelques secondes plus tard, comme Moïse le fit de la Mer Rouge, les flancs de la mer automobile bien repoussés sur les côtés, le cortège ministériel s'éjecta de celle-ci, pour aussitôt disparaître au loin, dans le fameux canal bichique, déserté à cette seule fin!
Le groupe de motards que nous étions, amassés sur le côté droit de la chaussée, aux premiers sons des hurlantes, savions qu'il serait pour nous bientôt l'heure, sitôt le convoi passé, d'ouvrir en grand la poignée de gaz, de la mettre en coin, de l'essorer comme jamais, de faire péter le mégaphone, de burner à donf l'asphalte de tous nos désirs livré en pâture à nos soins de trajecteurs chirurgicaux, nous voyant soudainement affublés de combinaisons d'écuries de Superbike, libre de nous élancer, dans quelques instants, sur la noire piste de nos esprits de motards enfiévrés!
Une bonne minute s'écoula, lorsqu'enfin, moteurs au ralenti, sous le regard inquisiteur de la maréchaussée interrogative, la main sur le talkie-walkie, nous passâmes devant eux, qui nous ouvraient en grand les portes du paddock. Ce qui s'en suivit relève du pur délire mégalomaniaque de timbrés à la Joe Bar Team!
En groupe compact, nous avalions les centaines de mètres nécessaires à la duperie censée nous soustraire définitivement de toutes interventions par l'arrière, des forces de l'ordre qui nous épiaient, guettant de notre part quelques excès de vitesse à promptement soigner par le carnet à souches.
Aussi, c'est au premier virage, certains d'avoir complètement disparus du regard gendarme, que chacun de nous entama sa propre course éperdue, contre l'autre, contre soi même, contre cette période de disette de sensations routières fortes, communiant tous vers le même unisson mécanique, c'était Easy Rider, James Dean au volant de son bolide, les moteurs rageaient de plus en plus leurs haine de la lenteur coutumière, il nous fallait exploser nos limites, nous étions pleinement conscients que ce serait sans doutes la seule occasion que nous aurions de jouir ainsi sans risques de cet étroit et dangereux canal routier, bordé de par et d'autres d'inquiétantes travées en béton, hautes de plus d'un mètre!
Tour à tour, nous nous dépassions et inversement, la marge de manoeuvre était très étroite, parfois limite, certains frôlaient de très prés ces blocs, réfléchir était un luxe que nous ne pouvions nous permettre, ainsi beaucoup ralentirent pour retrouver une allure moins répréhensible, tandis que le groupe dont je faisais partie, ne cessait d'augmenter la cadence infernale dans sa course en avant.
Que cherchions nous vraiment, à rattraper le cortège ministériel? Nous voguions à 180/190 kmh, suçant littéralement la roue arrière du gars devant nous, profitant au maximum de l'aspi, quand au loin nous le vîmes, ce fameux cortège, qui manifestement allait lui aussi bon train!
Il était à une bonne centaine de mètre devant nous, et à mon compteur je lisais 195 kmh, nous jouions là un jeu bien dangereux me semblais t'il, qu'allait-il se passer, je compris bien vite que certains d'entre nous attendaient le dernier tronçon de quatre voies, au sortir du canal, pour donner le maximum dans les tours !
Dans le carré formé par le groupe de tarés que nous étions présentement, il était évident que nous avions le quota de chevaux plus que nécessaire au dépassement des 260/280 kmh, après avoir frôlé les 200 kmh sans trop grande difficultés à l'intérieur de ce boyau devenu, à cette vitesse, aussi fin qu'un fil d'Ariane abandonné à la tourmente.
Il me sembla qu'un commun accord, tacite, nous limita dans nos velléités de dépassement en trombe du cortège ministériel, aussi c'est à la sortie du couloir de la mort que tout se joua, très vite, et de façon tellement inattendue!
La distance nous séparant du cortège avait quelque peu rétrécie, mais personne du personnel accompagnant le ministre, bien deux ou trois véhicules d'escorte, ne semblaient faire vraiment attention à nous, naturellement je me trompais.
Aussitôt débouché sur la quatre voies, le cortège ministériel augmenta sa vitesse de croisière, bien décidé à ne pas se laisser rattraper, je décidais alors d'attendre, un peu, de manière à déterminer quelle direction choisirait d'emprunter le convoi au devant. A droite, il prendrait le centre ville, à gauche il sortirait par la bretelle de sortie, direction Bellepierre.
Dans les 400 derniers mètres de quatre voies, en ligne droite, les plus téméraires d'entre nous, qui je le rappelle, roulaient à prés de 200 kmh derrière la voiture du premier ministre De Villepin, à peine distante d'une petite centaine de mètre, décidèrent de rajouter les quelques 50 à 70 kmh manquant à l'appel de la zone rouge, prenant le risque énorme d'affronter les forces de l'ordre en voitures banalisées, sirènes deux tons et gyrophares, des motards de la gendarmerie en éclaireur, au moins quatre en tête, à contre-pied de leur mission initiale.
Ils le firent, brutalement, passant comme des balles, dans un vombrîssement croissant, par la droite, puisque semblait-il, le convoi maintenait sa position à gauche, pour disparaître corps et bien, avalés par le tunnel qui, au loin, recrachait, une fois les riders disparus à mes yeux, un tonnerre de watts!
Les directives semblaient claires, le premier ministre devait rejoindre le maire de St-Denis dans les plus brefs délais, le reste était secondaire. Comme le premier groupe avait réussi son forfait, ceux derrière moi ne désirant manifestement pas tenter leur chance, j'entrepris à mon tour un dépassement par la gauche, alors que le convoi semblait se décider maintenant à prendre par la droite, il fallait se décider vite, il n'y aurait que très peu de temps de réaction à une manoeuvre de rechange, en cas de mauvaise interprétation de ceux qui me précédaient.
Alors j'ai enroulé du câble, forçant franchement l'allure, persuadé que la voie de gauche resterait libre. Des têtes se retournèrent dans les véhicules desquels je me rapprochais, m'apprêtant à les dépasser au plus vite, sans demander mon reste, sauf que, chose que je n'avais pas prévue, une voiture banalisée s'écarta du lot, ralentit légèrement et revint à ma hauteur,sur ma droite, me poussant contre le muret extérieur, à ma gauche, je ne l'avais jamais vu d'aussi prés, effrayant.
Une autre vint au devant de moi, de sorte que j'étais coincé, pris en tenaille, cela s'était passé si vite, je n'avais eu le temps de comprendre quoi que ce soit, les occupants m'invectivaient, derrière leurs lunettes noires, leurs coupes rases, et leurs gilets de baroudeurs et costumes sombres façon MIB!
Ils devaient me prendre pour un paparazzi, ou un terroriste, mais certainement pas pour un simple motard ayant profité d'une aubaine monstre, un tour de piste à plus de 200 kmh sur route ouverte, qui finirait par m'emmener au poste, j'en avais bien peur!
Le convoi filait bon train, s'enfuit littéralement, tandis que l'allure de la tenaille dans laquelle j'étais ferré, déclinait de plus en plus. J'étais certain maintenant que l'affaire allait tourner court pour moi, on allait s'occuper de mon cas, à même la route du littoral, avec la falaise et les oiseaux comme uniques témoins d'une improbable arrestation, voire pire, j'allais faire les gros titres de la presse quotidienne du lendemain, les emmerdes se profilaient avec une rare netteté.
Puis, contre toute attente, l'étreinte de la tenaille policière se relâcha aussi vite qu'elle se forma quelques instants auparavant, et ils reprirent leurs vitesses de dingues, ils devaient reprendre le cours de leur mission, le danger que je semblais représenter n'était plus, tout simplement.
Trop tard pour changer de voie, je suis dans la bretelle, priant pour qu'au bout, une succession de feux tricolores menant à la ville, aucun comité d'acceuil ne m'attendait! Je réduisis fortement l'allure, retardant le fatidique instant, tout en me remémorant le film d'une pure folie égocentrique, dire que l'on avait roulé à ces allures là, se croyant au dessus de tout, alors que la vitesse était limité à 70 kmh dans le canal bichique, et 90 kmh sur la quatre voies!!!... le record de la connerie monumentale venait d'être explosé, et au bout...
La montée de la bretelle se fit au ralenti, lorsqu'enfin j'entamais la descente tant redoutée, avec les feux au bout, je constatais avec effroi que le cortège était là, arrété, au feu rouge. Je réduisis encore l'allure, mais cela ne fut pas suffisant pour autant, je m'arrétais à une cinquantaine de mètre du convoi, devant moi, et attendit, tremblant, me demandant pourquoi ces satanés feux ne passaient pas au vert.
Aucune porte ne s'ouvrit, personne ne vint à ma rencontre, le temps était comme supendu à une inévitable sanction qui ne venait pas, toujours pas.
Enfin le feu passa au vert, je compris alors ce qui s'était passé en constatant que le convoi reprenait sa course folle, il lui manquait l'indispensable couloir, l'itinéraire balisé par les motards de la gendarmerie, la Mer Rouge de Moïse se devait d'être de nouveau correctement repoussée sur ses côtés. Pendant un temps, je suivis de loin le cortège, en respectant cette fois la vitesse règlementaire, et c'est enfin un banal feu rouge qui mit un terme au manège.
Ce jour là, je compris ce que voulait dire raison d'état, la différence fondamentale entre monsieur tout le monde, contribuable citoyen, et l'élite, à qui tout est permis, ou presque.
Certes, le premier ministre ne conduisait pas lui même son véhicule, un autre s'en chargeait pour lui, de fort belle manière d'ailleurs, me démontrant par là même, que n'est pas chauffeur de premier ministre qui veut, et que l'on aurait tort de croire qu'un cortège ministériel est emmené par des conducteurs du dimanche, des Fangios, comme disait mon père, ce que l'on voit dans les Taxi et autres Transporteur, est rarement le reflet de la réalité.
La France d'en bas de Raffarin, doit suivre à la lettre le code de la route, celle d'en haut en est dispensée apparement. Et malheur à ceux qui veulent approcher un tant soit peu l'élite qui nous gouverne, quand nous dépassons les limites, eux, ils ne font qu'optimiser au mieux le peu de temps dont ils disposent, dans le souci évident de nous concocter un avenir radieux, du reste, moins terne que précédement proposés aux veaux que nous sommes, par ceux qui les ont précédés aux mêmes fonctions!
Ainsi, être premier ministre, pour ne citer que lui, ou même président de la république, comme le démontre l'étude ci-dessus, confère entre autres privilèges, celui de faire tout et n'importe quoi sur route ouverte, c'est normal, c'est comme ça, circulez y 'a rien à voir! Des sanctions, des retraits de points, des flashages de radars, des séances de rattrapage de points perdus, des amendes... que nenni, rien de tout cela n'inquiètera les chauffeurs de ces messieurs plus princiers que les princes.
A l'extrème inverse, on notera un exact allignement du citoyen belge de ses gouvernants, pas de passe droit, conduite pour conduite, sous pour sous, c'est la règle, la vraie, la leur, innapliquable en France, tant un parfum nostalgique de royauté perdue, plâne encore du côté de l'Hôtel Matignon et du Palais de l'Elysée. Il est de ces comportements, Ubuesques, qui ont la vie dure!
La république bananière n'est pas là où on voudrait nous faire croire qu'elle se trouve, loin s'en faudrait, cochon qui s'en dédit!!!...

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